Terme neutre pour ‘joli’ en français : conseils et alternatives

L’adjectif « joli » possède un genre grammaticalement marqué qui limite son emploi universel. Dans le domaine administratif, certains guides de rédaction interdisent son usage pour éviter toute ambiguïté ou subjectivité. Des recommandations institutionnelles privilégient des alternatives neutres, mais celles-ci varient selon les contextes professionnels ou scolaires.

Le lexique français propose une diversité d’adjectifs et de formulations dépourvus de connotation genrée. Le choix des termes adaptés dépend du registre de langue, du niveau de formalité et de la volonté d’inclure tous les publics. Les usages évoluent, portés par une attention croissante à la neutralité et à l’inclusivité dans la communication écrite et orale.

Pourquoi chercher un terme neutre pour « joli » en français ?

Dans la langue française, le genre grammatical s’impose à chaque tournant, tant et si bien que le masculin s’est érigé en étalon. Mais cette mécanique, rodée et dominante, laisse sur le bas-côté tout un pan de la population et ignore celles et ceux qui refusent de se plier au binaire traditionnel. Chercher un équivalent neutre à « joli » n’a rien d’un simple effet de mode : c’est une manière d’ouvrir grand la porte à toutes les identités, sans exclure ni lisser la diversité des vécus.

Faire le choix de l’inclusivité, c’est rompre avec une forme d’inertie. Refuser qu’un adjectif, aussi ordinaire soit-il, perpétue des automatismes d’exclusion. Un terme comme « joli » façonne silencieusement notre regard sur le monde et alimente certaines frontières. S’en accommoder, c’est accepter de rendre invisible une partie du réel. Derrière chaque mot, il y a des personnes. Derrière chaque adjectif, une représentation du monde et de celles et ceux qui l’habitent.

Pour mieux comprendre cette dynamique, il est utile de rappeler ce qui motive la recherche d’alternatives neutres :

  • Le langage neutre ou épicène offre une base solide à qui veut s’adresser à tou·tes, sans imposer une forme ou une identité.
  • L’adoption de formulations non marquées s’inscrit dans une démarche d’égalité, notamment dans la sphère publique et administrative.

À chaque acte d’écriture, chacun porte la responsabilité de ne pas exclure par réflexe. Prendre quelques instants pour choisir un adjectif qui ne ferme aucune porte, oser des tournures plus ouvertes, c’est accompagner, à son échelle, le mouvement vers une société où les mots ne dressent plus de barrières invisibles.

Langage inclusif : comprendre les enjeux derrière les mots du quotidien

Opter pour un langage inclusif n’est pas un acte anodin. À chaque phrase, il s’agit de représenter, d’accueillir et de permettre à chacun de se retrouver dans le discours, peu importe son identité de genre. La question d’un terme neutre pour « joli » devient, à ce titre, un vrai marqueur de l’attention portée à l’inclusion : la langue, loin d’être neutre, façonne la société, agit sur la perception de soi et sur les relations sociales.

Le débat ne date pas d’hier. L’émergence de l’écriture inclusive suscite autant de discussions que d’expérimentations. Tandis que des institutions mettent en garde contre la complexification de la langue, un nombre croissant de structures professionnelles perçoivent dans la démarche inclusive un moyen d’afficher une ouverture réelle et tangible. Les initiatives issues du monde universitaire ou portées par le milieu associatif, en particulier LGBT+, témoignent d’un glissement progressif vers plus d’ouverture, même s’il reste minoritaire dans la communication officielle.

Voici quelques repères utiles pour mieux situer l’apport du langage inclusif :

  • L’intégration progressive de la communication inclusive dans de nombreux secteurs s’accompagne d’une volonté de refléter le pluralisme de la société.
  • La compréhension et la capacité d’un texte à toucher chaque lecteur ou lectrice contribuent désormais à évaluer sa qualité globale.

La mutation du paysage linguistique accompagne les changements culturels. Difficile d’ignorer la question : comment pousser la langue française à mieux accueillir la réalité de toutes celles et ceux qui l’utilisent chaque jour ?

Quelles alternatives neutres à « joli » utiliser à l’écrit et à l’oral ?

Dénicher un équivalent neutre de « joli » se révèle souvent ardu : il n’existe pas d’adjectif épicène parfait qui en reproduise exactement la nuance. Pourtant, selon le contexte, plusieurs options s’offrent à nous, à condition de les moduler à chaque situation.

Le recours le plus évident consiste à privilégier des adjectifs épicènes. « Agréable », « harmonieux », « attrayant », « plaisant » : ces mots ne varient pas selon le genre et s’utilisent sans restriction. Pour un registre plus formel, « agréable » se prête à la majorité des contextes écrits. Dans les échanges informels, « sympa » ou « chouette » prennent le relais. Ce choix de vocabulaire permet de s’affranchir des marques de genre sans renoncer à l’expressivité.

À l’écrit, on rencontre parfois la neutralisation des terminaisons avec le point médian, comme « joli·e ». Cette façon de faire gagne progressivement du terrain, notamment dans les milieux militants et étudiants, même si elle suscite encore des réserves sur sa lisibilité. À chacun de peser l’enjeu d’accessibilité face à la volonté de donner à voir l’intention inclusive.

Pour mieux adapter le choix des mots à la situation, plusieurs stratégies existent :

  • Utiliser des tournures impersonnelles ou passives, telles que « Ce paysage est à admirer » au lieu de « Ce paysage est joli ».
  • Employer à l’oral les doublets (« joli ou jolie »), quitte à allonger la phrase, mais en assumant le désir de s’adresser à tous.
  • Privilégier des formulations collectives ou des expressions comme « de belle allure » ou « de bon goût » pour contourner la référence directe au genre grammatical.

Des ressources telles que la Grammaire du français inclusif ou le DELAF mettent en lumière diverses méthodes pour enrichir son expression sans céder sur la clarté. Chercher, tester, et parfois combiner plusieurs options, voilà la clé pour trouver la formulation qui vous semble juste et accessible à tous.

Homme souriant parlant au téléphone devant une librairie urbaine

Conseils pratiques pour adopter une écriture et une communication plus inclusives

Les habitudes d’écriture ne changent pas du jour au lendemain. Réfléchir à la façon dont on emploie les adjectifs, remettre en question certains automatismes, s’autoriser de nouveaux choix lexicaux : la démarche s’apprend, se perfectionne, gagne en naturel à mesure qu’on l’expérimente. Des référentiels existent pour éclairer ce chemin, et il ne s’agit pas d’être irréprochable du premier coup, mais de progresser à chaque texte.

Un bon réflexe consiste à scruter les termes genrés qui, bien souvent, n’apportent rien d’indispensable. Mieux vaut préférer des adjectifs épicènes, « agréable », « remarquable », « attractif », « harmonieux », plutôt que multiplier les marqueurs de genre. Si l’utilisation d’un adjectif genré reste incontournable, pensez au point médian ou au doublet, tout en gardant un œil sur la lisibilité du texte.

Pour intégrer l’inclusivité dans ses écrits, quelques ajustements concrets font la différence :

  • Privilégier les tournures impersonnelles, par exemple « Ce projet séduit » au lieu de « Ce projet est joli ».
  • Expérimenter l’usage de pronoms neutres comme « iel » ou de formulations collectives lorsque cela s’y prête.
  • S’appuyer sur les ressources disponibles et s’inspirer des pratiques recensées pour varier ses formulations et enrichir son expression.

La langue ne cesse de se transformer au rythme de la société. En repensant la façon d’écrire et de nommer, chacun participe activement à ce mouvement d’ouverture. C’est dans l’attention portée à ces détails que l’on perçoit la volonté d’accueillir toutes les voix. Trouver le mot qui inclut sans jamais figer : voilà un projet aussi concret qu’ambitieux, pour donner à la langue française une dynamique résolument contemporaine.