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Les 9 arts majeurs et leur signification

Le terme « neuvième art » n’a fait son apparition qu’au XXe siècle, alors que les huit précédents étaient déjà largement admis dans les milieux spécialisés. La liste officielle n’a jamais reçu de validation universelle, certains classements intégrant des disciplines différentes selon les époques ou les pays.

La hiérarchie entre ces formes d’expression ne repose sur aucune base scientifique, mais découle de conventions historiques et culturelles. La numérotation peut varier, tout comme la reconnaissance de certaines pratiques, qui peinent encore à s’imposer dans ce classement mouvant.

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Pourquoi neuf arts majeurs ? Origines et évolution d’une classification

Comprendre la classification des arts, c’est plonger dans un récit séculaire façonné par l’Europe érudite. Au Moyen Âge, intellectuels et érudits traçaient déjà une frontière nette : d’un côté, les arts libéraux (grammaire, rhétorique, logique, arithmétique, géométrie, astronomie, musique), auréolés de prestige, de l’autre, les arts mécaniques, bien moins considérés. La pensée dominante valorisait l’abstraction, reléguant la pratique manuelle à un rôle subalterne.

Mais la Renaissance bouleverse la donne. L’artiste sort de l’atelier, revendique son génie, fait de la peinture et de la sculpture des rivales sérieuses de la musique et de la littérature. L’idée d’art majeur prend forme, opposée à celle d’art mineur. Les têtes pensantes de l’époque s’évertuent à créer un classement, régi par des critères qui ne cessent d’évoluer.

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Arrive le XIXe siècle : le philosophe Georg Wilhelm Friedrich Hegel impose une vision structurante. Pour lui, architecture, sculpture, peinture, musique et poésie dominent la scène. Cette organisation hégélienne façonne durablement la histoire de l’art occidentale, tout en laissant la porte ouverte à de nouvelles disciplines.

Arts libéraux Arts mécaniques
Grammaire, rhétorique, logique, arithmétique, géométrie, astronomie, musique Architecture, sculpture, peinture, etc.

C’est au XXe siècle que la liste des neuf arts majeurs se stabilise. Cette reconnaissance progressive du cinéma, puis des arts médiatiques et de la bande dessinée, illustre une construction sociale autant qu’un miroir des pratiques artistiques. À chaque époque, la critique et les institutions réinterprètent ce classement, le rendant vivant et contesté.

À la découverte des 9 arts : panorama, exemples et spécificités

Premier sur la liste : l’architecture. Elle érige nos repères, façonne les villes, tisse l’histoire dans la pierre et le béton. De Notre-Dame de Paris à la Fondation Louis Vuitton, chaque édifice relève d’un dialogue entre époque, pouvoir et vision singulière.

Juste après, la sculpture. Ici, la main s’attaque à la matière brute : bronze, marbre, acier deviennent porteurs de sens. Rodin, Giacometti, Camille Claudel : trois noms pour illustrer la façon dont l’émotion s’arrache à la pierre ou au métal.

Troisième pilier : la peinture. Sur la toile ou le mur, elle manipule couleurs et formes. Du Louvre à Soulages, la peinture capte l’instant, révèle ce qui échappe au premier regard.

Pour mieux cerner la diversité de ce classement, voici les autres disciplines qui complètent le panorama :

  • Musique : invisible, mais omniprésente. Qu’il s’agisse de symphonies, de jazz, d’électro, de polyphonies corses ou de chanson française, chaque note marque nos souvenirs et bouleverse nos émotions.
  • Littérature : roman, poésie, essai, théâtre. Les mots se font outils pour penser, rêver, défier l’ordre établi.
  • Arts de la scène : théâtre, mime, cirque, danse. Le corps s’exprime, la scène devient laboratoire collectif, terrain d’expérimentation sociale.
  • Cinéma : « septième art » selon Ricciotto Canudo, le cinéma fusionne image et mouvement, fiction et mémoire commune, regards intimes et histoire universelle.
  • Arts médiatiques : radio, télévision, vidéo. L’ère des ondes et de l’écran explose les cadres, diffuse de nouveaux récits à grande échelle.
  • Bande dessinée : le neuvième art. Entre graphisme et récit, de Hergé à Satrapi, chaque case devient territoire d’invention littéraire et graphique.

Ces 9 arts majeurs ne relèvent pas d’un musée immobile. Ils composent un paysage mouvant, nourri de dialogues, de croisements, de métamorphoses. Chaque discipline interagit avec les autres, déplaçant sans cesse les frontières entre réalité, imagination et société.

art classique

Comment cette classification influence notre regard sur l’art aujourd’hui ?

La classification des arts majeurs continue d’orienter nos jugements, nos politiques culturelles, nos débats sur la légitimité artistique. Ce cadre hérité du Moyen Âge et de la Renaissance hiérarchise, sépare, distingue ce qui relève du patrimoine ou de l’expérimentation. Avec l’arrivée du cinéma, puis de la bande dessinée et des arts médiatiques, les frontières se sont déplacées.

L’irruption du jeu vidéo bouscule aujourd’hui tout l’édifice. Certains parlent déjà de dixième art. Mais la polémique demeure : peut-on accorder à cette création interactive le même statut que la musique ou la peinture ? Les repères se déplacent : numérique, arts appliqués, arts décoratifs ou arts populaires revendiquent une reconnaissance, remettant en question la vieille distinction entre « majeur » et « mineur ».

Voici quelques signes concrets de cette évolution :

  • Des musées ouvrent désormais leurs galeries à la création numérique.
  • Des festivals mettent en lumière le jeu vidéo ou l’innovation sonore.
  • Certains artistes tissent musique, littérature, poésie et vidéo au sein d’installations hybrides qui brouillent les catégories.

La culture contemporaine refuse désormais les silos. Les œuvres voyagent de Paris à New York, des galeries physiques aux plateformes numériques. Prenez Serge Gainsbourg : il piochait dans le cinéma, la chanson, la littérature, un exemple parfait de décloisonnement. Aujourd’hui, la notion d’art expressif matériel, héritée des siècles passés, se frotte à la réalité de l’immatériel du pixel ou du son. Ce frottement oblige chacun à réinventer ses critères de valeur et de légitimité.

Demain, le classement des arts majeurs ne sera peut-être plus une liste, mais un terrain de jeu ouvert, où l’expérimentation et le dialogue l’emportent sur la hiérarchie.